Sources:
Treize années à la cour de Russie: Le tragique destin de Nicolas II et de sa famille, pages 92 to 93, by Pierre Gilliard, 1921
Thirteen Years at the Russian Court, pages 112 to 113, by Pierre Gilliard, translated by F. Appelby Holt, 1921
The diary entry:
Lundi 17 août. — L'arrivée de Leurs Majestés à Moscou a été l'un des spectacles les plus impressionants et les plus émouvants qu'il m'ait été donné de voir jusqu'ici...
Après les réceptions d'usage à la gare, nous nous acheminons en une longue file de voitures vers le Kremlin. Une foule immense a rempli les places et les rues, a escaladé les toits des boutiques, s'accroche en grappes aux arbres des squares, aux devantures des magasins, s'écrasse aux balcons et aux fenêtres des maisons et, tandis que toutes les cloches des sanctuaires sonnent sans interruption, de ces milliers de poitrines s'élève, formidable de grandeur religieuse et d'émotion contenue, ce merveilleux hymne russe où s'exprime la foi de tout un peuple:
Dieu, garde le Tsar!
Fort et puissant, règne pour notre gloire,
Règne pour l'effroi de nos ennemis, Tsar orthodoxe.
Dieu, garde le Tsar!
Sur le seuil des églises, dont les portes grandes ouvertes laissent apercevoir les lueurs des cierges qui brûlent devant l'iconostase, les prêtres en habits sacerdotaux et tenant à deux mains leur grand crucifix d'or, bénissent au passage le tsar d'un large signe de croix. L'hymne meurt et renaît, montant comme une prière d'un rythme puissant et majestueux:
Dieu, garde le Tsar!
Le cortège arrive à la porte Ibérienne. L'empereur descend de voiture et, selon l'usage, entre dans la chapelle pour baiser l'image miraculeuse de la Vierge d'Ibérie. Il en ressort, fait quelques pas et s'arrête, dominant la multitude immense. Sa figure est grave et recueillie; immobile il écoute la voix de son peuple et semble communier avec lui. Une fois encore il a entendu battre le cœur de la grande Russie...
Il se tourne ensuite du côté de la chapelle, se signe, puis, se recouvrant, rejoint à pas lents sa voiture qui disparaît sous la vieille porte et gagne le Kremlin.
Alexis Nicolaïévitch se plaint beaucoup de nouveau de sa jambe, ce soir. Pourra-t-il marcher demain ou faudra-t-il qu'on le porte lorsque Leurs Majestés se rendront à la cathédrale? L'empereur et l'impératrice sont désespérés. L'enfant n'a déjà pas pu assister à la cérémonie du Palais d'Hiver. Il en est presque toujours ainsi lorsqu'il doit paraître en public: on peut être presque certain qu'une complication surviendra au dernier moment. Il semble vraiment qu'un sort fatal le poursuit.
English translation (by Holt):
Monday, August 17th. — The arrival of Their Majesties at Moscow has been one of the most impressive and moving sights I have ever seen in my life.
After the customary reception at the station we went in a long file of carriages towards the Kremlin. An enormous crowd had collected in the squares and in the streets, climbed on the roofs of the shops, into the branches of trees. They swarmed in the shop windows and filled the balconies and windows of the houses. While all the bells of the churches were ringing as if they would never stop, from those thousands of throats poured that wonderful Russian National Anthem, so overwhelming with its religious grandeur and pent emotion, in which the faith of a whole race is embodied:
"God save the Czar!
Mighty and powerful, let him reign for our glory,
For the confusion of our enemies, the orthodox Czar.
God save the Czar!"
On the steps of the churches, through the great doorways of which one could see the light of the candles burning before the reliquaries, the priests in vestments, and holding their great crucifixes in both hands, blessed the Czar as he passed. The hymn stopped, and then began again, rising like a prayer with a mighty and majestic rhythm:
"God save the Czar!"
The procession arrived at the Iberian Gate. The Czar got out of his carriage and, in accordance with custom, entered the chapel to kiss the miraculous image of the Virgin of Iberia. He came out, walked a little way, and then stopped, high above the immense multitude. His face was grave and composed. He stood motionless to hear the voice of his people. He seemed to be in silent communication with them. Once again he could hear the great heart of Russia beating. ...
He then turned again towards the chapel, crossed himself, put on his cap, and slowly walked to his carriage, which disappeared under the old gate and went towards the Kremlin.
Alexis Nicolaïevitch is complaining a good deal of his leg again to-night. Will he be able to walk to-morrow or will he have to be carried when Their Majesties go to the Cathedral? The Czar and Czarina are in despair. The boy was not able to be present at the ceremony in the Winter Palace. It is always the same when he is supposed to appear in public. You can be practically certain that some complication will prevent it. Fate seems to pursue him.
Above: Nicholas and Alexandra.
Above: Alexei.
Above: Pierre Gilliard.
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