Tuesday, June 21, 2022

Pierre Gilliard's diary entry, dated August 21 (New Style), 1914

Sources:

Treize années à la cour de Russie: Le tragique destin de Nicolas II et de sa famille, pages 96 to 97, by Pierre Gilliard, 1921


Thirteen Years at the Russian Court, pages 116 to 117, by Pierre Gilliard, translated by F. Appelby Holt, 1921


The diary entry:

Vendredi 21 août. — Leurs Majestés, avant de rentrer à Tsarskoïé-Sélo, ont tenu à se rendre au couvent de Troïtsa, le plus célèbre des sanctuaires de Russie après la vieille laure de Kief. Le train nous amène jusqu'à la petite station de Serghievo, d'où nous gagnons en voiture le monastère. Campé sur une hauteur, on le prendrait, de loin, pour un énorme bourg fortifié, si les clochers bariolés et les dômes dorés de ses treize églises ne venaient révéler sa véritable destination. Rempart de l'orthodoxie, il eut à subir au cours de son histoire des assauts redoutables, dont le plus fameux est le siège qu'il soutint pendant seize mois au début du XVIIe siècle contre une armée de trente mille Polonais.

C'est, avec Moscou, et les villes de la Volga supérieure, l'endroit où s'évoque avec le plus d'intensité le passé, la Russie des boïards, des grands-ducs de Moscou, des premiers tsars, et où s'explique le mieux la formation historique du peuple russe.

La famille impériale assiste à un Te Deum, et se prosterne devant les reliques de saint Serge, le fondateur du couvent. L'archimandrite remet alors à l'empereur une icone peinte sur un fragment du cercueil de ce saint, un des plus vénérés de toute la Russie. Jadis cette image accompagnait toujours les tsars dans leurs compagnes. Sur l'ordre de l'empereur, elle sera transportée au Grand Quartier Général et placée dans «l'église de campagne» du commandant en chef des troupes russes.

L'empereur, l'impératrice et leurs enfants se rendent ensuite dans la petite église de Saint-Nicon, puis ils s'arrêtent quelques instants dans les anciens appartements des patriarches. Mais le temps presse et nous devons renoncer à visiter l'ermitage de Gethsémané, qui se trouve à une petite distance du monastère, et où, selon un usage encore fréquent en Russie, certains ermites se font enfermer dans des cellules souterraines murées. Ils y vivent ainsi dans le jeûne et la prière, parfois jusqu'à la fin de leurs jours, complètement retranchés de ce monde et ne recevant leur nourriture que par un guichet, seul moyen de communication avec leurs semblables qui leur soit laissé.

La famille impériale prend congé de l'archimandrite et quitte le couvent, accompagnée jusqu'à l'enceinte extérieure par une foule de moines qui se pressent autour des voitures.

English translation (by Holt):

Friday, August 21st. — Their Majesties, before returning to Tsarskoïe-Selo, decided to visit the Troïtsa Monastery, the most celebrated sanctuary in Russia after the world-famed Laure of Kiev. The train took us as far as the little station of Serghievo, from which we reached the monastery by car. Perched on a hill, it would be taken for a fortified city from a distance if the bright-coloured towers and gilded domes of its thirteen churches did not betray its true purpose. In the course of its history this rampart of Orthodoxy has had to resist some formidable assaults, the most famous being the sixteen months' siege by an army of thirty thousand Poles at the beginning of the seventeenth century.

This monastery, like Moscow and the towns of the Upper Volga, is a spot where the past seems ever present. It calls up visions of the Russia of the boyarin, the Grand-Dukes of Moscow, and the first Czars, and vividly explains the historical evolution of the Russian people.

The Imperial family were present at a Te Deum and knelt before the relics of St. Sergius, the founder of the monastery. The Archimandrite then handed the Czar an icon painted in a fragment of the coffin of the saint, one of the most revered in Russia. In olden times this image always accompanied the Czars on their campaigns. On the Czar's orders it is being sent to General Headquarters and placed in the "field chapel" of the Commander-in-Chief of the Russian Armies.

The Czar, Czarina, and their children visited the little church of Saint Nicon and then stayed a few minutes in the ancient residence of the patriarchs. As time was pressing, we had to abandon the idea of visiting the hermitage of Gethsemane, which is a little distance from the monastery. In accordance with a practice still frequently observed in Russia, certain hermits still have themselves shut up here in subterranean walled cells. They live in prayer and fasting to the end of their days, completely isolated from the world, and the slit through which their food is passed is their sole means of communication with their fellow-men.

The Imperial family bade the Archimandrite farewell and left the monastery, accompanied by a crowd of monks who swarmed round the cars.


Above: Nicholas and Alexandra with their children.


Above: Pierre Gilliard.

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