Sources:
Treize années à la cour de Russie: Le tragique destin de Nicolas II et de sa famille, pages 87 to 88, by Pierre Gilliard, 1921
Thirteen Years at the Russian Court, pages 106 to 108, by Pierre Gilliard, translated by F. Appelby Holt, 1921
The diary entry:
Lundi 3 août. — L'empereur est venu ce matin chez Alexis Nicolaïévitch; il était transfiguré. La cérémonie d'hier a été l'occasion d'une manifestation grandiose. Lorsqu'il a paru sur le balcon du Palais d'Hiver, la foule immense qui était massée sur la place s'est agenouillée et a entonné l'hymne russe. L'enthousiasme de son peuple a montré au tsar à quel point cette guerre était nationale.
J'apprends que l'empereur a fait hier au Palais d'Hiver le serment solennel de ne pas conclure la paix tant qu'il restera un seul ennemi sur le sol de la Russie. En prenant cet engagement devant le monde entier, Nicolas II marque bien le caractère de cette guerre: c'est la lutte à outrance, la lutte pour l'existence.
L'impératrice s'est entretenue assez longuement avec moi cet après-midi. Elle était dans un violent état d'indignation. Elle venait d'apprendre que, sur l'ordre de Guillaume II, l'impératrice douairière de Russie avait été empêchée de continuer sa route sur Saint-Pétersbourg et avait dû, de Berlin, se rendre à Copenhague.
— Lui, un monarque, arrêter une impératrice! Comment a-t-il pu en arriver là? Il a tout à fait changé depuis que le parti militariste, le parti qui hait la Russie, a pris une influence prépondérante sur lui, mais je suis sûre qu'il a été amené à la guerre contre sa volonté. Il y a été entraîné par le Kronprinz qui s'était mis ouvertement à la tête du parti militariste et pangermaniste, et semblait désapprouver la politique de son père. Il a eu la main forcée par lui.
«Je ne l'ai jamais aimé à cause de son manque de sincérité, il a toujours joué la comédie et il est si vaniteux. Il m'a constamment reproché de ne rien faire pour l'Allemagne et il a mis tout en œuvre pour détacher la Russie de la France, mais je n'ai jamais cru que c'était pour le bien de la Russia. Cette guerre! ... il ne me la pardonnera pas.
«Vous savez que l'empereur a reçu un télégramme de lui avant-hier dans la nuit, plusieurs heures après la déclaration de guerre, et ce télégramme demandait «une réponse immédiate qui seule pouvait encore conjurer l'effroyable malheur». Il a cherché une fois de plus à tromper l'empereur..., à moins que cette dépêche n'ait été retenue à Berlin par ceux qui voulaient à tout prix que la guerre eût lieu.»
English translation (by Holt):
Monday, August 3rd. — The Czar came up to Alexis Nicholaïevitch's room this morning. He was a changed man. Yesterday's ceremony resolved itself into an impressive manifestation. When he appeared on the balcony of the Winter Palace the enormous crowd which had collected on the square fell to their knees and sang the Russian National Anthem. The enthusiasm of his people has shown the Czar that this is unquestionably a national war.
I hear that at the Winter Palace yesterday that the Czar took a solemn oath not to make peace while a single enemy soldier remains on Russian soil. In taking such an oath before the whole world Nicholas II. shows the true character of the war. It is a matter of life and death, a struggle for existence.
The Czarina had a long talk with me this afternoon. She was in a state of great indignation, as she had just heard that on orders from the Emperor William II. the Dowager-Empress of Russia had been prevented from continuing her journey to St. Petersburg and had had to go from Berlin to Copenhagen.
"Fancy a monarch arresting an Empress! How could he descend to that? He has absolutely changed since the militarist party, who hate Russia, have gained the upper hand with him. But I am sure he has been won over to the war against his will. He's been dragged into it by the Crown Prince, who openly assumed the leadership of the pan-German militarists and seemed to disapprove of his father's policy. He has forced his father's hand.
"I have never liked the Emperor William, if only because he is not sincere. He is vain and has always played the comedian. He was always reproaching me with doing nothing for Germany, and has always done his best to separate Russia and France, though I never believed it was for the good of Russia. He will never forgive me this war!
"You know that the Czar received a telegram from him the night before last. It arrived several hours after the declaration of war, and demanded 'an immediate reply, which alone could avert the terrible disaster.' He thus tried to deceive the Czar once more, unless the telegram was kept back at Berlin by those who were bent on war in any case."
Above: Alexandra. Photo courtesy of Ilya Chishko at lastromanovs on VK.
Above: Pierre Gilliard.
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