Thursday, January 13, 2022

Maurice Paléologue's diary entry, dated July 20 (New Style), 1914

Sources:

La Russie des tsars pendant la grande guerre, volume 1, pages 1 to 5, by Maurice Paléologue, 1921


An Ambassador's Memoirs, by Maurice Paléologue, translated by F. A. Holt, 1925


The diary entry:

Lundi, 20 juillet, 1914.
Je quitte Saint-Pétersbourg à dix heures du matin sur le yacht de l'Amirauté pour me rendre à Péterhof. Le ministre des Affaires étrangères, Sazonow, l'ambassadeur de Russie en France, Iswolsky, et mon attaché militaire, le général de Laguiche, m'accompagnent, l'empereur nous ayant invités, tous les quatre, à déjeuner sur son yacht avant d'aller au-devant du président de la République à Cronstadt. ...

A onze heures et demie, nous stoppons dans le petit havre de Péterhof, où l'Alexandria, qui est le yacht préféré de l'empereur, se tient sous pression.

Nicolas II, en tenue d'amiral, arrive presque aussitôt à l'embarcadère. Nous transbordons sur l'Alexandria. Le déjeuner est servi immédiatement. Jusqu'à l'arrivée de la France, nous avons pour le moins une heure trois quarts devant nous. Mais l'empereur aime à prolonger ses repas: entre les plats, on ménage de longs intervalles, pendant lesquels il cause en fumant des cigarettes. ...

A sept heures et demie, dîner de gala dans la salle de l'impératrice Élisabeth.

Par l'éclat des uniformes, par la somptuosité des toilettes, par la richesse des livrées, par la splendeur du décor, par tout l'appareil du faste et de la puissance, le spectacle est d'une magnificence que nulle cour au monde ne pourrait égaler. Je garderai longtemps dans les yeux l'éblouissante irradiation des pierreries épandues sur les épaules des femmes. C'est un ruissellement fantastique de diamants, de perles, de rubis, de saphirs, d'émeraudes, de topazes, de bérils, un torrent de lumière et de feu. ...

Pendant le dîner, j'observe l'impératrice Alexandra-Féodorowna, en face de qui je suis placé. Bien que les longues cérémonies soient pour elle une très pénible épreuve, elle a voulu être là ce soir, afin de faire honneur au président de la République alliée. La tête constellée de diamants, le torse décolleté dans une robe de brocart blanc, elle est assez belle à voir. Ses quarante-deux ans la laissent encore agréable de visage et de lignes. Dès le prémier service, elle se met en frais de conversation avec Poincaré, qui est assis à sa droite. Mais bientôt son sourire se crispe, ses pommettes se marbrent. A chaque instant, elle se mord les lèvres. Et sa respiration haletante fait scintiller le réseau de brillants qui lui couvre la poitrine. Jusqu'à la fin du dîner, qui est long, la pauvre femme lutte visiblement contre l'angoisse hystérique. Ses traits se détendent soudain, lorsque l'empereur se lève pour prononcer son toast. ...

English translation (by Holt):

Monday, July 20, 1914.
I left St. Petersburg at ten o'clock this morning on the Admiralty yacht and went to Peterhof. Sazonov, the Minister for Foreign Affairs, Isvolsky, the Russian Ambassador to France, and General de Languiche, my military attaché, accompanied me. All four of us had been invited by the Tsar to lunch on the imperial yacht before going to meet the President of the Republic at Cronstadt. ...

At half past-eleven we stopped in the little harbour of Peterhof where the Alexandria, the Tsar's favourite yacht, was lying under steam.

Nicholas II, in the uniform of an admiral, arrived at the quay almost at once. We transferred to the Alexandria. Luncheon was served immediately. We had at least an hour and three-quarters before us until the arrival of the France. But the Tsar likes to linger over his meals. There are always long intervals between the courses in which he chats and smokes cigarettes. ...

At half-past seven there was a banquet in the Empress Elizabeth room.

Thanks to the brilliance of the uniforms, superb toilettes, elaborate liveries, magnificent furnishings and fittings, in short the whole panoply of pomp and power, the spectacle was such as no court in the world can rival. I shall long remember the dazzling display of jewels on the women's shoulders. It was simply a fantastic shower of diamonds, pearls, rubies, sapphires, emeralds, topaz, beryls — a blaze of fire and flame. ...

During dinner I kept an eye on the Tsaritza Alexandra Feodorovna, opposite whom I was sitting. Although long ceremonies are a very great trial to her she was anxious to be present this evening to do honour to the President of the allied Republic. She was a beautiful sight with her low brocade gown and a diamond tiara on her head. Her forty-two years have left her face and figure still pleasant to look upon. After the first course she entered into conversation with Poincaré, who was on her right. Before long, however, her smile became set and the veins stood out in her cheeks. She bit her lips every minute. Her laboured breathing made the network of diamonds sparkle on her bosom. Until the end of dinner, which was very long, the poor woman was obviously struggling with hysteria. Her features suddenly relaxed when the Tsar rose to propose his toast. ...


Above: Alexandra.


Above: Maurice Paléologue.

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