Sources:
Treize années à la cour de Russie: Le tragique destin de Nicolas II et de sa famille, pages 174 to 183, by Pierre Gilliard, 1921
Thirteen Years at the Russian Court, pages 209 to 217, by Pierre Gilliard, translated by F. Appelby Holt, 1921
Above: Nicholas and Alexandra, signed "Papa" and "Mama" as a gift for their children.
Above: Olga, Tatiana, Maria, Anastasia and Alexei with their heads shaved bald while recovering from measles.
Above: Pierre Gilliard.
The account:
... Ce n'est qu'après de longues hésitations que l'empereur déjà inquiet s'était décidé, le 8 mars 1917, à quitter Tsarskoïé-Sélo pour se rendre au G. Q. G.
Son départ affecta tout particulièrement l'impératrice, car aux appréhensions que faisait naître la situation politique venaient s'ajouter les craintes que lui inspirait Alexis Nicolaïévitch. Le tsarévitch, en effet, était alité depuis plusieurs jours, ayant la rougeole, et diverses complications étaient venues aggraver son état. Pour comble de malheur, trois des grandes-duchesses étaient tombées malades à leur tour, et Marie Nicolaïévna était seule à pouvoir seconder sa mère.
Le 10 mars, nous apprenions que des troubles avaient éclaté à Pétrograd et que des collisions sanglantes s'étaient produites entre la police et les manifestants.
C'est que, depuis plusieurs jours, la rareté des vivres avait suscité un violent mécontentement dans les quartiers populaires. Des cortèges s'étaient formés et la foule avait parcouru les rues de la ville en réclamant du pain.
Je compris que Sa Majesté était très préoccupée, car, faisant exception à sa règle habituelle, elle me parla des événements politiques et me dit que Protopopof accusait les socialistes de chercher, par une propagande active auprès des cheminots, à empêcher le ravitaillement de la ville afin d'exciter le peuple à la révolution.
Le 11, la situation devenait subitement très critique et les nouvelles les plus alarmantes nous parvenaient coup sur coup. L'émeute gagnait le centre de la ville et la troupe qu'on avait fait intervenir depuis la veille résistait faiblement.
J'appris également qu'un ukase de l'empereur était venu ordonner la suspension de la Douma, mais que, vu la gravité des événements, l'assemblée avait passé outre à l'ordre de prorogation et décidé de procéder à la formation d'un Comité exécutif chargé de rétablir l'ordre.
Les combats reprenaient avec plus d'acharnement encore le lendemain, et les insurgés parvenaient à s'emparer de l'arsenal. Vers le soir on me téléphonait de Pétrograd que les éléments de réserve de plusieurs régiments de la garde: les régiments Paul, Préobrajensky, etc., avaient fait cause commune avec eux. Cette nouvelle frappa de stupeur l'impératrice. Depuis la veille, elle était extrêmement inquiète et se rendait compte de l'imminence du péril.
Pendant ces deux journées, elle avait passé tour à tour des chambres des grandes-duchesses à celle d'Alexis Nicolaïévitch, dont l'état de santé avait encore empiré, s'efforçant de cacher aux malades l'angoisse qui la torturait.
Le 13, à 9 h. ½ du matin, comme j'entre chez le tsarévitch, l'impératrice me fait signe de la suivre dans la salle à côté. Elle m'annonce que la capitale est, de fait, entre les mains des révolutionnaires et que la Douma vient de constituer un gouvernement provisoire à la tête duquel se trouve Rodzianko.
— La Douma s'est montrée à la hauteur des circonstances, me dit-elle. Elle a compris enfin, je crois, le danger qui menace le pays, mais je crains que ce ne soit trop tard: il s'est formé un comité socialiste-révolutionnaire qui ne veut pas reconnaître l'autorité du gouvernement provisoire. Je viens de recevoir de l'empereur un télégramme m'annonçant son arrivée pour 6 heures du matin. Mais il désire que nous quittions Tsarskoïé-Sélo pour Gatchina ou que nous nous portions à sa rencontre. Faites donc tout préparer pour le départ éventuel d'Alexis.
Les ordres sont donnés. Sa Majesté passe par de terribles hésitations. Elle a fait savoir à Rodzianko la gravité de l'état du tsarévitch et des grandes-duchesses. Il répond: «Quand une maison brûle, on commence par en emmener les malades.»
A quatre heures, le docteur Dérévenko rentre de l'hôpital et nous annonce que tout le réseau de chemin de fer des environs de Pétrograd est déjà occupé par les révolutionnaires, que nous ne pouvons pas partir et qu'il est peu probable que l'empereur puisse arriver.
Le soir, vers neuf heures, la baronne de Buxhœveden entre chez moi. Elle vient d'apprendre que la garnison de Tsarskoïé-Sélo s'est mutinée et que l'on tire dans la rue. Il faut avertir l'impératrice qui est auprès des grandes-duchesses. Précisément, elle sort dans le couloir et la baronne la met au courant de la situation. Nous nous approchons des fenêtres. Nous voyons le général Reissine qui, à la tête de deux compagnies du régiment combiné, prend position devant le palais. J'aperçois également des marins de l'équipage de la garde et des cosaques de l'escorte. Les grilles du parc ont été occupées par des postes renforcés, les hommes sur quatre rangs, prêts à tirer.
A ce moment nous apprenons par téléphone que les mutins s'avancent dans notre direction et qu'ils viennent de tuer un factionnaire à moins de 500 mètres du palais. Les coups de fusil se sont de plus en plus rapprochés, une collision semble inévitable. L'impératrice, affolée à l'idée que le sang va être répandu sous ses yeux, sort avec Marie Nicolaïévna et s'approche des soldats pour les exhorter au calme. Elle supplie qu'on parlemente avec les insurgés. Le moment est solennel. L'angoisse étreint tous les cœurs. Une imprudence, et c'est le corps à corps suivi de carnage. Cependant, des officiers s'interposent des deux côtés et l'on se met à discuter. Les paroles de leurs anciens chefs et l'attitude résolue de ceux qui sont restés fidèles en imposent aux mutins.
L'excitation tombe peu à peu et l'on finit par déterminer une zone neutre entre les deux camps.
La nuit se passe ainsi et, le matin, des ordres formels du gouvernement provisoire viennent mettre fin à cette situation angoissante.
Dans l'après-midi Sa Majesté fait appeler le grand-duc Paul et lui demande s'il sait où est l'empereur. Le grand-duc l'ignore. Aux questions que l'impératrice lui pose sur la situation, il répond que, seul, l'octroi immédiat d'une constitution peut encore, à son avis, conjurer le danger. L'impératrice se range à cette opinion, mais elle est impuissante, car, depuis la veille, elle ne peut plus communiquer avec l'empereur.
La journée du 15 se passe dans l'attente oppressée des événements. Dans la nuit, à 3 h. ½, le docteur Botkine est appelé au téléphone par un des membres du gouvernement provisoire qui lui demande des nouvelles d'Alexis Nicolaïévitch. (Le bruit de sa mort s'était répandu en ville, comme nous l'apprenons plus tard.)
Le supplice de l'impératrice continue le lendemain. C'est le troisième jour qu'elle est sans nouvelles de l'empereur et son angoisse s'augmente du fait de son inaction forcée. (Les tortures de l'impératrice en ces jours de mortelle angoisse où, sans nouvelles de l'empereur, elle se désespérait au chevet de son enfant malade, dépassèrent tout ce qu'on peut imaginer. Elle avait atteint la limite extrême de la résistance humaine, c'était la dernière épreuve d'où allait se dégager cette merveilleuse, cette lumineuse sérénité qui devait la soutenir, elle et les siens, jusqu'au jour de leur mort.)
A la fin de l'après-midi, la nouvelle de l'abdication de l'empereur parvient au palais. L'impératrice la repousse comme un bruit mensonger. Mais un peu plus tard le grand-duc Paul vient la lui confirmer. Elle se refuse encore à y croire et c'est seulement sur les précisions qu'il lui donne que Sa Majesté se rend enfin à l'évidence. L'empereur a abdiqué la veille au soir à Pskof en faveur de son frère, le grand-duc Michel.
Le désespoir de l'impératrice dépasse tout ce qu'on peut imaginer. Mais son grand courage ne l'abandonne pas. Je la revois, le soir, chez Alexis Nicolaïévitch. Son visage est ravagé, mais, par une force de volonté presque surhumaine, elle a tenu à venir comme d'habitude auprès des enfants, afin que rien ne trouble les jeunes malades qui ignorent tout ce qui s'est passé depuis le départ de l'empereur pour le G. Q. G.
Tard dans la nuit, nous apprenons que le grand-duc Michel s'est désisté et que c'est l'Assemblée constituante qui devra décider du sort de la Russie.
Je retrouve le lendemain l'impératrice chez Alexis Nicolaïévitch. Elle est calme, mais très pâle. Elle a effroyablement maigri et vieilli en ces quelques jours.
L'après-midi, Sa Majesté reçoit un télégramme de l'empereur où il cherche à la tranquiliser et lui annonce qu'il attend à Mohilef l'arrivée prochaine de l'impératrice douairière.
Trois jours passent. Le 21, à 10 h. ½ du matin, Sa Majesté me fait appeler et me dit que le général Kornilof est venu lui faire savoir, de la part du gouvernement provisoire, que l'empereur et elle sont mis en état d'arrestation, et que tous ceux qui ne veulent pas accepter le régime de la prison doivent avoir quitté le palais avant quatre heures. Je réponds que je suis décidé à rester.
— L'empereur rentre demain, il faut avertir Alexis, il faut tout lui dire... Voulez-vous le faire? Moi je vais aller parler aux petites.
On voit combien elle souffre à l'idée de l'émotion qu'elle va causer aux grandes-duchesses, malades, en leur annonçant l'abdication de leur père, émotion qui risque d'aggraver leur état.
Je rentre chez Alexis Nicolaïévitch et je lui dis que l'empereur va revenir le lendemain de Mohilef et qu'il n'y retournera plus.
— Pourquoi?
— Parce que votre papa ne veut plus être commandant en chef.
Cette nouvelle l'affecte vivement, car il aimait beaucoup à aller au G. Q. G.
Au bout d'un certain temps, j'ajoute:
— Vous savez, Alexis Nicolaïévitch, votre père ne veut plus être empereur.
Il me regarde, étonné, cherchant à lire sur ma figure ce qui se passe.
— Comment? Pourquoi?
— Parce qu'il est très fatigué et qu'il a eu de grandes difficultés ces derniers temps.
— Ah! oui! Maman m'a dit qu'on avait arrêté son train quand il voulait venir ici. Mais papa sera de nouveau empereur après?
Je lui explique alors que l'empereur a abdiqué en faveur du grand-duc Michel, lequel s'est désisté à son tour.
— Mais alors, qui est-ce qui sera empereur?
— Je ne sais pas, maintenant personne...
Pas un mot sur lui, pas une allusion à ses droits d'héritier. Il est très rouge et ému.
Au bout de quelques minutes de silence, il me dit:
— Mais alors, s'il n'y a plus d'empereur, qui est-ce qui va gouverner la Russie?
Je lui explique qu'il s'est formé un gouvernement provisoire qui devra s'occuper des affaires de l'État jusqu'à la réunion de l'Assemblée constituante et qu'alors, peut-être, son oncle Michel montera sur le trône.
Une fois de plus, je suis frappé de la modestie de cet enfant.
A quatre heures, la porte du palais se ferme. Nous sommes prisonniers! Le régiment combiné a été relevé par un régiment de la garnison de Tsarskoïé-Selo, et les soldats qui sont en faction ne sont plus là pour nous protéger, mais pour nous garder.
Le 22, à onze heures du matin, l'empereur arrive enfin, accompagné du Prince Dolgorouky, maréchal de la cour. Il monte immédiatement chez les enfants où l'impératrice l'attend.
Après le déjeuner, il entre dans la chambre d'Alexis Nicolaïévitch, où je me trouve à ce moment, et m'aborde avec sa simplicité et sa bienveillance habituelles. Mais, à voir son visage pâli et amaigri, on comprend combien il a effroyablement souffert, lui aussi, pendant son absence.
Le retour de l'empereur fut, malgré les circonstances, un jour de grand bonheur pour les siens. L'impératrice et Marie Nicolaïévna, aussi bien que les enfants malades, lorsqu'ils avaient été mis au courant de la situation, avaient éprouvé à son sujet tant de crainte et d'anxiété! C'était pour eux une grande consolation de se trouver tous réunis alors qu'ils étaient si durement éprouvés. Il leur semblait que leur douleur en était allégée et que l'immense amour qu'ils avaient les uns pour les autres était une force capable de leur faire supporter toutes les souffrances.
Malgré le maîtrise de soi qui lui était habituelle, l'empereur n'arrivait pas à cacher son profond ébranlement, mais il se remettait rapidement au milieu de l'affection des siens. Il leur consacrait la majeure partie de ses journées et, le reste du temps, il lisait ou se promenait avec le prince Dolgorouky. On lui avait interdit, au début, l'accès du parc et on ne lui avait laissé que la jouissance d'un petit jardin attenant au palais, encore couvert de neige et entouré d'un cordon de sentinelles. Mais l'empereur acceptait toutes ces rigueurs avec une sérénité et une grandeur d'âme remarquables. Jamais un mot de reproche ne sortit de ses lèvres. C'est qu'un sentiment dominait son être, plus puissant même que les liens qui l'attachaient aux siens: l'amour de son pays. On sentait qu'il était prêt à tout pardonner à ceux qui lui infligeaient ces humiliations, s'ils étaient capables de sauver la Russie.
L'impératrice passait presque tout son temps étendue sur une chaise longue dans la chambre des grandes-duchesses et chez Alexis Nicolaïévitch. Les émotions et les angoisses l'avaient épuisée physiquement, mais, depuis le retour de l'empereur, un grand apaisement moral s'était fait en elle et elle vivait d'une vie intérieure très intense, parlant peu, cédant enfin à ce besoin impérieux de repos qui la sollicitait depuis longtemps. Elle était heureuse de ne plus avoir à lutter, et de pouvoir se consacrer tout entière à ceux qu'elle aimait d'un si grand amour. Seule Marie Nicolaïévna lui donnait encore de l'inquiétude. Elle était tombée malade beaucoup plus tard que ses sœurs et son état s'était aggravé par suite d'une pneumonie de nature fort pernicieuse; son organisme, quelque très robuste, avait de la peine à reprendre le dessus. Elle était, d'ailleurs, victime de sa propre générosité. Cette jeune fille de dix-sept ans s'était dépensée sans compter pendant les journées révolutionnaires. Elle avait été le plus ferme soutien de sa mère. Dans la nuit du 13 mars, elle avait commis l'imprudence de sortir avec l'impératrice pour aller parler aux soldats, s'exposant ainsi au froid, alors qu'elle ressentait les premières atteintes de la maladie. Par bonheur, les autres enfants allaient mieux et se trouvaient déjà en pleine période de convalescence. ...
English translation (by Holt):
... It was only after long hesitation that the Czar, in his anxiety, had decided on March 8th, 1917, to leave Tsarskoïe-Sélo and go to G. H. Q.
His departure was a great blow to the Czarina, for to the fears aroused in her breast by the politics situation had been added her anxiety about Alexis Nicolaïevitch. The Czarevitch had been in bed with measles for several days, and his condition had been aggravated by various complications. To crown everything, three of the Grand-Duchesses had also been taken ill, and there was no one but Marie Nicolaïevna to help the mother.
On March 10th we learned that trouble had broken out in Petrograd and that bloody collisions had taken place between police and demonstrators.
The fact was that for several days the shortage of food had produced feelings of bitter discontent in the poorer quarters of the city. There had been processions, and mobs had appeared in the streets demanding bread.
I realised that Her Majesty had a good deal on her mind, for, contrary to her usual habit, she spoke freely about political events, and told me that Protopopoff had accused the Socialists of conducting an active propaganda among railway employees with a view to preventing the provisioning of the city, and thus precipitating a revolution.
On the 11th the situation suddenly became very critical and the most alarming news arrived without warning. The mob made its way into the centre of the town, and the troops, who had been called in the previous evening, were offering but slight resistance.
I heard also that an Imperial ukase had ordered the sittings of the Duma to be suspended, but that, in view of the grave events in progress, the Assembly had disregarded the decree for its prorogation and decided to form an executive committee charged with the duty of restoring order.
The fighting was renewed with greater violence the next morning, and the insurgents managed to secure possession of the arsenal. Towards the evening I was told on the telephone from Petrograd that reserve elements of several regiments — had made common cause with them. This piece of news absolutely appalled the Czarina. She had been extremely anxious since the previous evening, and realised that the peril was imminent.
She had spent these two days between the rooms of the Grand-Duchesses and that of Alexis Nicolaïevitch, who had taken a turn for the worse, but she always did her utmost to conceal her torturing anxiety from the invalids.
At half-past ten on the morning of the 13th the Czarina beckoned me to step into an adjoining room just as I was entering the Czarevitch's bedroom. She told me that the capital was actually in the hands of the revolutionaries and that the Duma had just set up a Provisional Government with Rodzianko at its head.
"The Duma has shown itself equal to the occasion", she said. "I think it has realised the danger which is threatening the country, but I'm afraid it is too late. A Revolutionary-Socialist Committee has been formed which will not recognise the authority of the Provisional Government. I have just received a telegram from the Czar saying that he will be here at six in the morning, but he wants us to leave Tsarskoïe-Selo for Gatchina, or else go to meet him. Please make all arrangements for Alexis's departure."
The necessary orders were given. Her Majesty was a prey to terrible doubt and hesitation. She informed Rodzianko of the serious condition of the Czarevitch and the Grand-Duchesses, but he replied: "When a house is burning the invalids are the first to be taken out."
At four o'clock Dr. Derevenko came back from the hospital and told us that the whole network of railways round Petrograd was already in the hands of the revolutionaries, so that we could not leave, and it was highly improbable that the Czar would be able to reach us.
About nine in the evening Baroness Buxhœveden entered my room. She had just heard that the garrison of Tsarskoïe-Selo had mutinied and that there was firing in the streets. She was going to tell the Czarina, who was with the Grand-Duchesses. As a matter of fact, she came into the corridor at that moment and the Baroness told her how things stood. We went to the windows. We saw General Reissine, who had taken up position outside the palace at the head of two companies of the composite regiment. I also saw some marines of the bodyguard and cossacks of the escort. The park gates had been occupied in special strength, the men being drawn up in four ranks, ready to fire.
At that moment we heard on the telephone that the rebels were coming in our direction and had just killed a sentry less than five hundred yards from the palace. The sound of firing came steadily nearer and a fight seemed inevitable. The Czarina was horrorstruck at the idea that blood might be shed under her very eyes; she went out with Marie Nicolaïevna and exhorted the men to keep cool. She begged them to parley with the rebels. It was a terrible moment, and our hearts almost stopped beating with suspense. A single mistake and there would have been a hand-to-hand fight followed by bloodshed. However, the officers stepped in and a parley began. The rebels were impressed by the words of their old leaders and the resolute attitude of the troops which remained faithful.
The excitement gradually subsided and a neutral zone was fixed between the two camps.
Thus was the night passed, and in the morning formal orders from the Provisional Government arrived which put an end to the dreadful situation.
In the afternoon Her Majesty sent for the Grand Duke Paul and asked him if he knew where the Czar was. The Grand Duke did not know. When the Czarina questioned him about the situation he replied that in his opinion the grant of a constitution at once could alone avert the peril. The Czarina shared that view, but could do nothing, as she had been unable to communicate with the Czar since the previous evening.
The day of the 15th passed in an oppressive suspense. At 3.30 a.m. next morning Dr. Botkin was called to the telephone by a member of the Provisional Government, who asked him for news of Alexis Nicolaïevitch. (We heard subsequently that a report of his death had been circulating in the city.)
The Czarina's ordeal was continued the next day. It was three days since she had had any news of the Czar and her forced inaction made her anguish all the more poignant. (No one can have any idea of what the Czarina suffered during these days when she was despairing at her son's bedside and had no news of the Czar. She reached the extreme limits of human resistance in this last trial, in which originated that wonderful and radiant serenity which was to sustain her and her family to the day of their death.)
Towards the end of the afternoon the news of the Czar's abdication reached the palace. The Czarina refused to believe it, asserting it was a canard. But soon afterwards the Grand Duke Paul arrived to confirm it. She still refused to believe it, and it was only after hearing all the details he gave her that Her Majesty yielded to the evidence. The Czar had abdicated at Pskoff the previous evening in favour of his brother, the Grand Duke Michael.
The Czarina's despair almost defied imagination, but her great courage did not desert her. I saw her in Alexis Nicolaïevitch's room that same evening. Her face was terrible to see, but, with a strength of will which was almost superhuman, she had forced herself to come to the children's rooms as usual so that the young invalids, who knew nothing of what had happened since the Czar had left for G. H. Q., should suspect nothing.
Late at night we heard that the Grand Duke Michael had renounced the throne, and that the fate of Russia was to be settled by the Constituent Assembly.
Next morning I found the Czarina in Alexis Nicolaïevitch's room. She was calm, but very pale. She looked very much thinner and ever so much older in the last few days.
In the afternoon Her Majesty received a telegram from the Czar in which he tried to calm her fears, and told her that he was at Mohileff pending the imminent arrival of the Dowager Empress.
Three days passed. At half-past ten on the morning of the 21st Her Majesty summoned me and told me that General Korniloff had been sent by the Provisional Government to inform her that the Czar and herself were under arrest and that all those who did not wish to be kept in close confinement must leave the palace before four o'clock. I replied that I had decided to stay with them.
"The Czar is coming back to-morrow. Alexis must be told everything. Will you do it? I am going to tell the girls myself."
It was easy to see how she suffered when she thought of the grief of the Grand-Duchesses on hearing that their father had abdicated. They were ill, and the news might make them worse.
I went to Alexis Nicolaïevitch and told him that the Czar would be returning from Mohileff next morning and would never go back there again.
"Why?"
"Your father does not want to be Commander-in-Chief any more."
He was greatly moved at this, as he was very fond of going to G. H. Q.
After a moment or two I added:
"You know, your father does not want to be Czar any more, Alexis Nicolaïévitch."
He looked at me in astonishment, trying to read in my face what had happened.
"What! Why?"
"He is very tired and has had a lot of trouble lately."
"Oh yes! Mother told me they stopped his train when he wanted to come here. But won't papa be Czar again afterwards?"
I then told him that the Czar had abdicated in favour of the Grand Duke Michael, who had also renounced the throne.
"But who's going to be Czar, then?"
"I don't know. Perhaps nobody now. ..."
There was a silence, and then he said:
"But if there isn't a Czar, who's going to govern Russia?"
I explained that a Provisional Government had been formed and that it would govern the state until the Constituent Assembly met, when his uncle Michael would perhaps mount the throne.
One again I was struck by the modesty of the boy.
At four o'clock the doors of the palace were closed. We were prisoners! The composite regiment had been relieved by a regiment from the garrison of Tsarskoïe-Selo, and the soldiers on sentry duty were there not to protect us, but to keep guard over us.
At eleven o'clock on the morning of the 22nd the Czar arrived, accompanied by Prince Dolgorouky, the Marshal of the Court. He went straight up to the children's room, where the Czarina was waiting for him.
After luncheon he went into the room of Alexis Nicolaïevitch, where I was, and greeted me with his usual unaffected kindness. But I could tell by his pale, worn face that he too had suffered terribly during his absence.
Yet, despite the circumstances, the Czar's return was a day of rejoicing to his family. The Czarina and Marie Nicolaïevna, as well as the other children, when they had been told what had occured, had been a prey to such dreadful doubts and fears on his account! It was a great comfort to be all together in such times of trial. It seemed as if it made their troubles less unbearable, and as if their boundless love for each other was a dynamic force which enabled them to face any degree of suffering.
In spite of the self-control which was habitual with the Czar, he was unable to conceal his immense distress, though his soon recovered in the bosom of his family. He spent most of the day with them, and otherwise read or went for walks with Prince Dolgorouky. At first he had been forbidden to go into the park, and was only allowed the enjoyment of a small garden contiguous to the palace. It was still under snow. A cordon of sentries was posted around it.
Yet the Czar accepted all these restraints with extraordinary serenity and moral grandeur. No word of reproach ever passed his lips. The fact was that his whole being was dominated by one passion, which was more powerful even than the bonds between himself and his family — love of country. We felt he was ready to forgive anything to those who were inflicting such humiliations upon him so long as they were capable of saving Russia.
The Czarina spent almost all her time on a chaise longue in the Grand-Duchesses' room, or else with Alexis Nicolaïevitch. Her anxieties and the emotional strain had exhausted her physically, but since the Czar's return she had found great moral relief, and lived closely with her own thoughts, speaking little and finally yielding to that urgent need for rest which had long assailed her. She was glad she need struggle no longer and that she could wholly devote herself to those she loved so tenderly.
She was now anxious about Marie Nicolaïevna only. The latter had been taken ill much later than her sisters, and her condition was aggravated by a severe attack of pneumonia of a virulent kind. Her constitution was excellent, but she had all she could do to survive. She was also the victim of her own devotion. This girl of seventeen had spent herself without reflection during the revolution. She had been her mother's greatest comfort and stand-by. During the night of March 13th she had been rash enough to go out with her mother to speak to the soldiers, thus exposing herself to the cold, even though she realised that her illness was beginning. Fortunately the other children were better, and already on the road to convalescence. ...
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