Sources:
Treize années à la cour de Russie: Le tragique destin de Nicolas II et de sa famille, pages 153 to 154, by Pierre Gilliard, 1921
Thirteen Years at the Russian Court, pages 181 to 182, by Pierre Gilliard, translated by F. Appelby Holt, 1921
The account:
De nombreuses tentatives avoient été faites auprès de l'impératrice — et par les personnes les plus chères à son cœur — pour tâcher de lui ouvrir les yeux sur la véritable personnalité de Raspoutine: elles étaient toutes venues se briser contre la foi absolue qu'elle avait en lui. Cependant la grande-duchesse Élisabeth Féodorovna voulut encore, en cette heure tragique, tenter un dernier effort auprès de sa sœur. Elle vint de Moscou avec l'intention de passer quelques jours à Tsarskoïé-Sélo au milieu de ceux qu'elle chérissait profondement. La grande-duchesse Élisabeth était de neuf ans plus âgée que l'impératrice et avait pour elle une tendresse presque maternelle. C'est chez elle, on se le rappelle, que la jeune princesse avait fait son premier séjour en Russie; c'est elle qui, au début du règne d'Alexandra Féodorovna, l'avait entourée de ses conseils et de sa sollicitude attentive. Si souvent, déjà, elle avait essayé de désabuser sa sœur sans y parvenir! Pourtant elle espérait que, cette fois, Dieu lui donnerait la force de persuasion qui lui avait fait défaut jusque-là et lui permettrait de prévenir l'effroyable catastrophe qu'elle sentait imminente.
Dès son arrivée à Tsarskoïé-Sélo, elle parla à l'impératrice, s'efforçant, avec tout l'amour qu'elle lui portait, de lui faire comprendre enfin son aveuglement, la suppliant d'écouter ses avertissements, pour le salut des siens et de son pays. L'impératrice resta inébranlable dans sa confiance: elle comprenait le sentiment qui poussait sa sœur à cette démarche, mais elle éprouvait une peine infinie à voir ajouter foi aux calomnies de ceux qui cherchaient à perdre le staretz, et elle la pria de ne plus revenir sur ce sujet. Comme la grande-duchesse insistait, l'impératrice coupa court. L'entrevue était désormais sans objet.
Quelques heures plus tard, la grande-duchesse reprenait le chemin de Moscou, la mort dans l'âme. L'impératrice et ses filles l'accompagnèrent à la gare. Les deux sœurs se séparèrent: elles gardaient intact le sentiment de tendresse infinie que les unissait depuis leur enfance, mais elles comprenaient qu'entre elles quelque chose venait de se briser. Elles ne devaient plus se revoir.
English translation (by Holt):
Many attempts had been made, even by the Czarina's greatest friends at Court, to open her eyes to the true character of Rasputin. They had all collapsed against the blind faith she had in him. But in this tragic hour the Grand-Duchess Elisabeth Feodorovna wished to make one last effort to save her sister. She came from Moscow, intending to spend a few days at Tsarskoïe-Selo with the relations she loved so dearly. She was nine years older than her sister, and felt an almost maternal tenderness for her. It was at her house, it will be remembered, that the young princess had stayed on her first visit to Russia. It was she who had helped Alexandra Feodorovna with wise advice and surrounded her with every attention when she started her reign. She had often tried to open her sister's eyes before, but in vain. Yet this time she hoped that God would give her the powers of persuasion which had hitherto failed her, and enable her to avert the terrible catastrophe she felt was imminent.
As soon as she arrived at Tsarskoïe-Selo she spoke to the Czarina, trying with all the love she bore her to convince her of her blindness, and pleading with her to listen to her warnings for the sake of her family and her country.
The Czarina's confidence was not to be shaken. She realised the feelings which had impelled her sister to take this step, but she was terribly grieved to find her accepting the lying stories of those who desired to ruin the staretz, and she asked her never to mention the subject again. As the Grand-Duchess persisted, the Czarina broke off the conversation. The interview was then objectless.
A few hours later the Grand-Duchess left for Moscow, death in her heart. The Czarina and her daughters accompanied her to the station. The two sisters took leave of each other. The tender affection which had associated them since their childhood was still intact, but they realised that there was a broken something lying between them.
They were never to see each other again.
Above: Alexandra.
Above: Ella.
Above: Grigori Rasputin.
Above: Pierre Gilliard.
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