Friday, April 1, 2022

Pierre Gilliard on Alexandra's work as a wartime nurse for the Red Cross and how the First World War affected her and her family life

Sources:

Treize années à la cour de Russie: Le tragique destin de Nicolas II et de sa famille, pages 100 to 105, by Pierre Gilliard, 1921


Thirteen Years at the Russian Court, pages 123 to 127, by Pierre Gilliard, translated by F. Appelby Holt, 1921


The account:

L'impératrice, dès le début, s'était consacrée aux blessés, et elle avait décidé que les grandes-duchesses Olga Nicolaïévna et Tatiana Nicolaïévna la seconderaient dans cette tâche. Elles suivaient donc toutes trois en cours d'infirmières et passaient chaque jour plusieurs heures à donner leurs soins à ceux qui étaient évacués sur Tsarskoïé-Selo. Sa Majesté, tantôt avec l'empereur, tantôt seule avec ses deux filles aînées, était allée à plusieurs reprises visiter les établissements de la Croix Rouge dans les villes de l'ouest et du centre de la Russie. Sur sa demande, de nombreux hôpitaux militaires avaient été créés et l'on avait organisé des trains sanitaires, spécialement aménagés pour l'évacuation souvent fort lente, vu les distances, des blessés vers l'arrière. Cet exemple avait été suivi, et jamais l'initiative privée ne s'était manifestée avec autant d'élan et de générosité. ...

En décembre, l'empereur partit pour le Caucase et opérait l'armée du sud. Il désirait passer quelque temps au milieu de ces troupes qui luttaient, dans des conditions extrêmement pénibles, contre les divisions turques massées à Moscou l'impératrice et les enfants qui s'étaient portés à sa rencontre. L'empereur visita les écoles militaires et se rendit à plusieurs reprises avec Sa Majesté, le grand-duc héritier et ses sœurs dans les hôpitaux et les infirmeries de la ville.

L'enthousiasme de la population, pendant les cinq jours que nous passâmes alors à Moscou, fut tout aussi vibrant qu'au mois d'août, et les souverains ne quittèrent qu'à regret l'ancienne capitale moscovite, l'empereur pour se rendre au G. Q. G., et le reste de la famille pour rentrer à Tsarskoïé-Sélo. ...

Pendant tout cet hiver, la santé du tsarévitch fut très satisfaisante et les leçons purent suivre leur cours régulier. Au début du printemps [1915] Sa Majesté m'annonça que l'empereur et elle avaient décidé de renoncer pour le moment, vu les circonstances, à donner un vospitatiel à Alexis Nicolaïévitch. Je me trouvai donc, contre mon attente, obligé d'assumer seul pendant un certain temps encore la lourde responsabilité qui m'incombait, et de chercher à remédier de mon mieux aux lacunes de l'éducation du grand-duc héritier. J'avais le sentiment très net qu'il fallait le faire sortir, ne fût-ce que quelques heures par jour, de son milieu habituel, et chercher à le mettre en contact direct avec la vie. ...

... La guerre avait apporté un changement assez notable dans notre existence; la vie déjà austère du palais l'était devenue plus encore. L'empereur était souvent absent. L'impératrice qui, ainsi que ses deux filles aînées, portait constamment l'uniforme d'infirmière, partageait son temps entre ses visites aux hôpitaux et les nombreuses occupations que lui valaient les organisations de secours aux blessés. Elle s'était beaucoup fatiguée au début de la guerre. Elle s'était dépensée sans compter, avec la fougue et l'ardeur qu'elle apportait à tout ce qu'elle entreprenait. Bien que sa santé fût déjà très fortement éprouvée, elle faisait preuve d'un ressort étonnant. Il semblait qu'elle puisât un réconfort très grand dans l'accomplissement de la belle œuvre qu'elle avait entreprise: elle y trouvait à la fois une satisfaction à son besoin de dévouement, et l'oubli des angoisses et des appréhensions que lui causait — même dans ses périodes d'accalmie — la maladie du tsarévitch. ...

English translation (by Holt; I have corrected a typo):

The Czarina had devoted herself to the cause of the wounded from the start, and she had decided that the Grand-Duchesses Olga Nicolaïevna and Tatiana Nicolaïevna should assist her in her task. All three of them took a course in nursing, and passed several hours of every day caring for the wounded who were sent to Tsarskoïe-Selo. Her Majesty, sometimes with the Czar and sometimes alone with her two daughters, paid several visits to the Red Cross establishments in the towns of Western and Central Russia. At her suggestion, many military hospitals had been organised, as well as ambulance trains specially fitted up for the evacuation of the wounded to the rear, a process which was often very slow owing to the immense distances. Her example had been followed, and private initiative had never been displayed with the same enthusiasm and generosity. ...

In December the Czar paid a visit to the Caucasus, where the Southern Army was operating. He was anxious to spend a little time with the troops who were fighting under the most trying conditions against the Turkish divisions massed on the Armenian frontier. On his return he joined the Czarina at Moscow, and the children also were brought there to meet him. The Czar visited the military schools and with Her Majesty, his son and daughters, several times made the rounds of the hospitals and nursing establishments in that city.

During the five days we spent at Moscow the enthusiasm of the people had been every bit as great as in August, and it was with real regret that Their Majesties left the ancient capital of Muscovy, the Czar leaving for G. H. Q. and the other members of the family returning to Tsarskoïe-Selo. ...

Throughout this winter the health of the Czarevitch had been very satisfactory, and his lessons could proceed along regular lines. In the early spring [1915] Her Majesty informed me that the Czar and she had decided, in view of the circumstances, to dispense with the appointment of a vospitatiel for Alexis Nicolaïevitch for the moment. Contrary to my expectations, I thus found myself compelled to shoulder the immense burden of responsibility alone for some time longer, and to find some means of filling up the gaps in the Heir's education. I had a strong feeling that it was essential that he should get away from his ordinary environment, even if it were only for a few hours a day, and try to establish contact with real life. ...

... The war had already brought some very remarkable change in our life at the palace. It had always been austere, and now became even more so. The Czar was away a good deal. The Czarina and her two elder daughters almost always wore the costume of a nurse, and divided their time between visits to the hospitals and the innumerable duties arising out of their work for the relief of the wounded. The Czarina was very tired even when the war began. She had spent herself without counting the consequences, devoting herself with the enthusiasm and ardour she brought to everything to which she set her hand. Although her health was severely shaken, she displayed remarkable physical elasticity. She seemed to derive comfort and strength from the accomplishment of the splendid task which she had undertaken. It was as if she found that it satisfied her craving for self-devotion and enabled her to forget the poignant anxiety and apprehension that the Czarevitch's illness caused, even in its inactive periods. ...


Above: Alexandra.


Above: Alexandra with Alexei.


Above: Pierre Gilliard.

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